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TRIBUNE

L’IA se prend pour votre psy et Freud se retourne sur son fauteuil

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Intelligence artificielle (IA) : de la fascination à l'inquiétudedossier
Dans le rôle du thérapeute, l’intelligence artificielle va engager un dialogue sous forme de parole en miroir. Parce qu’elle n’a pas de point de vue, elle ne fait que nourrir une fragilité narcissique par des artefacts de solutions, alerte le psychologue et psychanalyste Michael Stora.
«Si les IA textuelles sont souvent parfois présentées ou utilisées comme des psychologues de poche, elles sont loin de pouvoir remplir ce rôle», affirme Michael Stora. (myriam tirler/plainpicture)
par Michael Stora
publié le 4 février 2025 à 12h28

Enfin, un psy à portée de main, quand on veut et où l’on veut ! Pas de rendez-vous fixe, plus d’effort pour en payer le prix. Enfin un psy qui propose des réponses claires et factuelles face à des angoisses parfois existentielles !

Les 18-30 ans vont par millions se confier à Psychologist, une IA dédiée, et ils trouvent ces robots «serviables», «compatissants» et qui donnent «l’impression de parler à un vrai thérapeute, mais un bon et raisonnable». Freud se retourne sur son fauteuil et avec lui je m’interroge sur ce que c’est un psy qui soit serviable, bon et raisonnable ? Parle-t-on d’un psy ou bien d’un majordome anglais tout droit sorti de la cour de la reine Victoria ?

Psychologue et psychanalyste, je sens comme une concurrence déloyale face à un algorithme qui n’a même pas fait une analyse !

Je repère dans mon cabinet des patients, nouvelle génération, venant avec un problème et me demandant rapidement de les aider à trouver une réponse. Un problème, une solution. Je leur précise pourtant que je ne suis pas Google et que le travail analytique ressemblerait plutôt à une œuvre littéraire, une archéologie psychique, un jeu vidéo avec des boss à affronter