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L’insaisissable Walter Benjamin-mania

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L’intellectuel juif allemand, qui s’est suicidé en 1940, fait l’objet d’une frénésie éditoriale. Ecrivains et philosophes dissèquent son œuvre avant-gardiste et inachevée, mais peinent encore à trouver toutes ses clés d’interprétation.

Collage sur Walter Benjamin à partir d'une photo Bridgeman. (Séverine Scaglia/Libération)
ParSimon Blin
Reporter
collage Séverine Scaglia
Publié le 26/04/2023 à 18h38

Longtemps, il n’a «rien compris à Walter Benjamin». Ouf. Parce que nous non plus. «Je savais qu’il était important mais je ne le comprenais pas, nous dit Aurélien Bellanger au bout du fil. Il a publié des écrits de circonstance qu’on a du mal à intégrer dans une pensée globale.» Et pourtant, assure l’écrivain : c’est «le plus grand intellectuel du Vingtième Siècle», titre de son dernier roman consacré au penseur juif allemand, qui s’est suicidé en 1940 à Port-Bou (Espagne) à l’âge de 48 ans en ingurgitant une forte dose de morphine, alors qu’il tentait de fuir la France vichyste complice de l’Allemagne nazie.

Walter Benjamin est l’auteur d’une œuvre énigmatique dont les spécialistes peinent encore à trouver toutes les clés d’interprétation. Journaliste, critique littéraire, publiciste, philosophe de l’art, traducteur d’Aragon, de Baudelaire et de Proust (ce qui, en soi, occupe toute une vie), il n’aimait pas les pensées totalisantes et les systèmes. Walter Benjamin a laissé derrière lui une réflexion à l’état d’ébauche et fragmentaire : «benjaminienne», selon l’expression consacrée.

On ne compte plus les rééditions et les essais sur sa pensée intuitive, à rebours de la philosophie analytique. Début janvier, les éditions Klincksieck faisaient paraître une nouvelle traduction de ses thèses Sur