La grande loi agricole du quinquennat était attendue depuis près de deux ans. Deux ans marqués par des prix alimentaires qui ont flambé mais des revenus agricoles qui ont souvent baissé. Deux ans marqués par le soulèvement de toute l’agriculture française et une revendication principale : pouvoir vivre dignement de son travail.
Cette crise agricole correspond à un moment charnière où se joue la survie même de l’agriculture familiale, c’est-à-dire des entreprises de petite et moyenne taille qui appartiennent aux agriculteurs eux-mêmes. 10 000 exploitations agricoles disparaissent chaque année. Il en reste moins de 400 000, toujours plus grandes.
Dans ce moment charnière, deux voies sont possibles. La première : la survie de l’agriculture familiale, qui nécessite un profond changement de politique pour soutenir les revenus des agriculteurs, les débouchés et l’accès aux terres de ceux qui veulent s’installer. Ce n’est manifestement pas la voie qui est choisie par le gouvernement, puisque rien de tout cela ne figure dans le projet de loi agricole.
La seconde : celle de l’agrobusiness, qui consiste à poursuivre la mise en concurrence internationale de l’agriculture française, poussant à la régression des règles environnementales et sociales et à l’agrandissement des fermes, jusqu’à en faire des entreprises capitalistes, détenues par des investisseurs.
C’est bien la seconde voie qui a été choisie par le gouvernement. Dès l’article 1 sur la souveraineté alimentaire, le projet de loi ré