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TRIBUNE

L’opposition entre «extrêmes» et «modérés» ne sert ni la démocratie ni l’avenir des gauches

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Elections législatives 2024dossier
La confusion entre «modération» et «raison», d’une part, «extrémisme» et «déraison», d’autre part, revient à nier l’éventualité d’une alternance, essentielle au fonctionnement démocratique analyse Patrick Vieu, ancien conseiller de François Hollande. Il est dans l’intérêt de la gauche de ne pas faire de la radicalité le signe infaillible de la déraison.
Deux jours après le résultat du second tour des législatives, des députés LFI arrivent à l'Assemblée nationale, à Paris, le 9 juillet 2024. (Denis Allard/Libération)
par Patrick Vieu, énarque, docteur en philosophie, ancien conseiller de François Hollande sur les questions de transports et d’environnement, coordonnateur des travaux du LAB de la social-démocratie
publié le 10 juillet 2024 à 17h23

Au soir du 7 juillet, l’Assemblée nationale se partage en trois blocs de taille comparable. Le Nouveau Front populaire (NFP), alliance de quatre partis de gauche, constitue la première force politique devant Ensemble, la coalition des partis de l’ancienne majorité présidentielle. Même s’il progresse nettement et devient le premier parti à l’Assemblée nationale, le Rassemblement national (RN) arrive derrière. S’ouvre désormais une phase d’incertitude – inédite sous la Ve République – quant à la force politique en mesure de gouverner la France.

Alors qu’aucune majorité absolue ne s’est dégagée des urnes, un Premier ministre issu du NFP pourrait bien être le seul en mesure de bénéficier d’une assise politique assez large. Mais quelle assise exactement ? La question pourrait bien rouvrir le débat qui, au lendemain de la dissolution, avait divisé les sociaux-démocrates autour de la constitution du NFP. Certains, parmi eux, avaient salué l’initiative comme un acte de responsabilité démontrant la capacité des gauches à surmonter leurs divergences pour faire bloc face à l’extrême droite, cependant que les autres avaient dénoncé une alliance «contre-nature» de la gauche «modérée» avec l’«extrême gauche» incarnée par La France insoumise (LFI), coupable d’avoir renié ces mêmes