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TRIBUNE

Los Angeles : après les mégafeux, la transition écologique impossible

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Intempériesdossier
«Ville» sans centre ni espace public, la mégapole américaine compte plus de voitures que d’habitants. Construite par et pour la consommation d’énergies fossiles, elle a subi à travers ces mégafeux les conséquences du réchauffement climatique, alerte l’urbaniste Albert Lévy.
Le quartier de Pacific Palisades, à Los Angeles, après les incendies, le 28 janvier 2025. (Mario Tama /Getty Images. AFP)
par Albert Lévy, architecte et urbaniste
publié le 30 janvier 2025 à 17h50

Ravagée par un mégafeu depuis le 7 janvier, «la Cité des anges», symbole du rêve américain, a tourné au cauchemar : 160 km² partis en fumée, une fois et demie la surface de Paris (100,5 km²), 17 000 bâtiments en cendres, 180 000 déplacés, 28 morts. C’est la plus grande catastrophe de la mégapole depuis sa naissance, les dégâts s’élèvent à des dizaines de milliards de dollars. Ce mégafeu urbain n’est pas une catastrophe naturelle, mais une conséquence du réchauffement climatique : l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée depuis 1850 et pour la première fois le seuil de 1,5°C a été dépassé, (selon le rapport 2024 de l’Organisation météorologique mondiale), entraînant dans le monde des catastrophes en série (La Mecque, Miami, Athènes, Valence, Mayotte…). Mégapole carbone tentaculaire, stade suprême de l’urbanisme fossile, Los Angeles soulève, avec cette catastrophe, la question de son habitabilité future : à l’heure du changement climatique, serait-elle une dystopie urbanistique ?

Le modèle urbanistique de cette gigantesque cité-jardin, qui fonctionne à l’énergie fossile, a été développé dans les propositions utopiques de Frank Lloyd Wright (1867-1959). Contre l’urbanisme dense et vertical de la ville américaine qu’il rejetait, il préconisait, dans The Disappearing Cit