La prise de parole du président de la République, le soir du 9 juin, ne ressemble à aucune autre. La nouveauté ne réside pas dans le fond du propos. Prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale ne constitue pas une nouveauté, puisqu’il s’agit de la sixième dissolution depuis 1958. Son originalité ne tient pas non plus au contexte de son déclenchement. Dissoudre l’Assemblée sans qu’aucune motion de censure n’ait été au préalable votée à l’encontre du gouvernement est une hypothèse que nous avons déjà rencontrée par le passé (comme en atteste la dissolution prononcée par Jacques Chirac le 21 avril 1997). Non, ici la singularité tient à sa signification et à sa portée. Aussi bien sur le fond que sur la forme, cette dissolution est la dissolution la plus présidentialiste de la Ve République, au point de la considérer comme la quintessence de «l’hyperprésidentialisme».
Ce terme quelque peu barbare est apparu sous la présidence de Nicolas Sarkozy afin de qualifier une certaine pratique du pouvoir présidentiel : celle d’un président omniprésent, omniscient, souhaitant s’immiscer directement dans toutes les décisions politiques, y compris les plus infimes ou triviales. Puis, cette expression a été théorisée. Elle désigne désormais une pratique exclusivement verticale du pouvoir où le président concentre l