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Libération
TRIBUNE

Madame Dati, laissez le hip-hop danser

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Une proposition de loi visant à instaurer un diplôme d’Etat obligatoire pour les enseignants du hip-hop soulève la contestation des acteurs du secteur. Ils craignent notamment qu’une telle mesure renforce les inégalités, brise l’élan créatif en imposant un cadre rigide.
Lors d'une compétition de «breakdance», à Orléans en 2011. (Romain Gautier/AFP)
par Un collectif de professeurs de danse, de députés et d'artistes
publié le 5 mars 2024 à 17h43

Comme l’a si bien illustré la série événement le Monde de demain, le hip-hop est né en France au milieu des années 80 à Paris et en Seine-Saint-Denis, porté par une génération qui a trouvé dans cette forme d’expression un moyen de partager ses joies, ses peines et ses aspirations.

Lundi 26 février, quarante ans après la naissance de ce mouvement, Rachida Dati ministre de la Culture lui rendait hommage.

Pourtant une proposition de loi, soutenue par le gouvernement, examinée ce mercredi 6 mars à l’Assemblée nationale, risque de porter un coup fatal à cette culture urbaine. Elle prévoit l’instauration d’un diplôme d’Etat obligatoire pour les enseignants de hip-hop.

Une initiative en apparence anodine qui représente un danger majeur pour cette culture urbaine et populaire. En effet, l’imposition d’un coûteux diplôme de ce type risque de créer des barrières sociales injustes, excluant de facto les enseignants de danse déjà en place ainsi que les futurs aspirants issus de milieux défavorisés. Cette mesure, loin de promouvoir l’égalité des chances, ne ferait que renforcer les inégalités déjà criantes dans notre société.

En outre, cette proposition menace de briser l’élan créatif qui caractérise le hip-hop. En imposant un cadre rigide, elle étoufferait la spontanéité et la diversité qui font la force du mouvement. Le hip-hop est avant tout une expression libre, affranchie de toute contrainte institutionnelle, et c’est précisément cette liberté qui lui confère son pouvoir de résil