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TRIBUNE

Manifestations en Turquie, la preuve que la démocratie est encore désirable, par Bernard Guetta

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Des centaines de manifestants ont exigé le 29 mars à Istanbul la libération du maire Ekrem Imamoglu, jeté en prison par Erdogan. Un mouvement qui rejoint celui des Européens : la défense des démocraties. Et qui montre qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre islam et démocratie.
Lors du rassemblement en soutien et contre l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, à Istanbul, le 29 mars 2025. (Dylan Martinez/REUTERS)
par Bernard Guetta, député européen, groupe Renew Europe
publié le 31 mars 2025 à 18h20

Mais qui a dit que la démocratie serait désaimée ? Qui a dit que les peuples aspireraient désormais à l’autoritarisme ? Qui a dit ces inepties encore une fois démenties à Istanbul par les centaines de milliers de manifestants qui exigeaient, samedi, la libération de leur maire, Ekrem Imamoglu, jeté en prison, car il pourrait battre Recep Tayyip Erdogan à la prochaine présidentielle ?

Jeunes ou vieux, hommes ou femmes, de tous les milieux sociaux, tous espéraient en fait que leur pays puisse devenir une démocratie et rejoindre l’Union européenne. L’inamovible Erdogan ne cédera pas facilement. Parce que son pouvoir est en jeu, il réprimera toujours plus et s’y connaît en la matière, mais les milieux d’affaires sont inquiets, la lire et la Bourse turques flanchent et même ses partisans se lassent de cet homme.

Du dictateur ou de la liberté, on ne sait pas qui gagnera, mais la certitude est que la liberté reste la valeur la mieux partagée du monde, non pas européenne mais universelle.

La deuxième chose que disaient samedi ces visages tendus d’espoir est qu’il n’y a, non, évidemment pas d’incompatibilité entre islam et démocratie. La Turquie n’est ni bouddhiste ni chrétienne. Croyante, athée ou agnostique, elle est musulmane de culture ou de foi et aussi profondément désireuse de démocratie que l’étaient le «printemps arabe» de 2011, les trois années de manifestations du Hirak algérien ou les foules iraniennes qui, d’une crise à l’autre, n’ont jamais cessé de hurler leur rejet de la