On se souviendra longtemps de l’affaire de Mazan. Il se passe, en effet, quelque chose d’unique à ce procès d’Avignon qui marque un tournant à bien des égards. Son retentissement international en atteste, et tous les esprits, y compris celui de professionnels rompus aux affaires de viol sont bousculés. Chaque jour qui passe, au-delà des constantes en la matière, ouvre des perspectives auxquelles on doit réfléchir.
Avant tout, ce procès n’aurait pas eu un tel écho si une personnalité exceptionnelle n’avait émergé d’emblée, éclairant les débats de sa hauteur et de sa détermination. Gisèle Pelicot, partie civile, en ne demandant délibérément pas le huis clos destiné à la protéger auquel elle avait droit, s’est courageusement exposée elle-même aux regards du public mais a, par là même, obligé les accusés à s’expliquer à ciel ouvert, épreuve qu’ils redoutaient sûrement, et à affronter la honte de faits trop souvent examinés dans le secret de salles closes. Transcendant l’image habituelle de la victime, elle a ainsi ouvert la voie, aux procès publics de viols jusqu’ici trop rares, mais qui sont la condition sine qua non d’un changement de culture indispensable en France.
Il serait trop long de dévelo