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TRIBUNE

Mazan : crime, audience et vidéos

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Les avocats de Gisèle Pelicot vont demander, ce lundi 30 septembre, la levée du huis clos lors de la diffusion des vidéos. Pour l’ex-président de cour d’assises Dominique Coujard, rien ne justifie la diffusion d’images au public et à la presse lorsqu’il s’agit d’actes sexuels traumatisants pour les personnes concernées, même si elles le demandent.
Gisèle Pelicot et ses avocats, Stéphane Babonneau et Antoine Camus, au palais de justice d'Avignon, le 17 septembre 2024. (Christophe Simon/AFP)
par Dominique Coujard, ancien président de cour d'assises
publié le 28 septembre 2024 à 12h33

On se souviendra longtemps de l’affaire de Mazan. Il se passe, en effet, quelque chose d’unique à ce procès d’Avignon qui marque un tournant à bien des égards. Son retentissement international en atteste, et tous les esprits, y compris celui de professionnels rompus aux affaires de viol sont bousculés. Chaque jour qui passe, au-delà des constantes en la matière, ouvre des perspectives auxquelles on doit réfléchir.

Avant tout, ce procès n’aurait pas eu un tel écho si une personnalité exceptionnelle n’avait émergé d’emblée, éclairant les débats de sa hauteur et de sa détermination. Gisèle Pelicot, partie civile, en ne demandant délibérément pas le huis clos destiné à la protéger auquel elle avait droit, s’est courageusement exposée elle-même aux regards du public mais a, par là même, obligé les accusés à s’expliquer à ciel ouvert, épreuve qu’ils redoutaient sûrement, et à affronter la honte de faits trop souvent examinés dans le secret de salles closes. Transcendant l’image habituelle de la victime, elle a ainsi ouvert la voie, aux procès publics de viols jusqu’ici trop rares, mais qui sont la condition sine qua non d’un changement de culture indispensable en France.

Il serait trop long de dévelo