«J’ai un masturbateur, et j’ai honte de le dire.» En tant que testeur de sex-toys, je reçois souvent ce type de témoignage de la part des hommes. Malgré les millions d’unités vendues chaque année dans le monde, un malaise persiste : quand un homme s’achète un sex-toy, il est encore souvent vu comme «en manque», «bizarre» ou «pervers».
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Le contraste est frappant. Les sex-toys pour femmes sont devenus des symboles de empowerment. On les retrouve en une des magazines féminins, dans des séries, et même en rayons dans des supermarchés. C’est une conquête du plaisir, à raison. Mais les objets destinés au plaisir masculin, eux, restent dans l’obscurité, entourés de jugements sociaux, voire de moqueries. Pourquoi ?
Un outil pour la redécouverte du corps
On a longtemps réduit la sexualité masculine à un besoin mécanique, presque bestial, où l’orgasme - ou plutôt l’éjaculation - est inévitable, voire banal. Résultat : un homme qui explore son corps différemment, ou qui cherche autre chose que la pénétration rapide, est suspect. On ironise sur les masturbateurs, on se chambre (au mieux) sur les plugs anaux. Le plaisir anal, ou «prostatique» si on reprend les termes en vogue dans le marketing, pourtant puissant, reste enfermé dans une sorte de peur de la remise en question, et parfois même, d’homophobie latente. Les machines sexuelles sont alors perçues comme extrêmes alors qu’elles peuvent être de formidables outils de redécouverte du corps et du désir.
Ce tabou est d’autant plus absurde qu’il isole. Beaucoup d’ho