Mélanie avait 31 ans et elle était assistante d’éducation dans un collège de Nogent, en Haute-Marne. Mardi matin, un élève de 14 ans l’a frappée à plusieurs reprises avec un couteau de cuisine. Elle n’a pas survécu. L’adolescent a expliqué qu’il voulait «faire le plus de dégâts» et qu’il aurait pu s’en prendre à «n’importe quelle surveillante». Il n’a exprimé ni regret ni compassion. Il disait ne plus supporter les surveillants et ressassait son projet depuis plusieurs jours. Détaché de toute empathie, il a choisi d’attaquer au hasard et c’est Mélanie qui s’est trouvée sur sa route. Voilà ce que l’on sait. Rien d’autre.
Alors comment font-ils, tous ces gens, pour savoir si vite ? Pour lier un crime encore muet à leurs peurs les plus bavardes ? Comment réussissent-ils, en quelques heures à peine, à voir dans la main d’un adolescent un programme, une idéologie, une cause générale : l’immigration, l’ensauvagement, la santé mentale, le laxisme éducatif, les écrans ou que sais-je encore ? Qu’est-ce qui leur permet sans trembler