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TRIBUNE

Meurtre de Philippine : monsieur Retailleau, notre démocratie souffre d’une insuffisance et non d’un excès d’Etat de droit

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La présidente du Syndicat de la magistrature réagit aux propos du ministre de l’Intérieur, qui a déclaré que l’Etat de droit n’est «pas intangible, ni sacré». Ce qui entrave la lutte contre les violences, ce n’est pas le juge indépendant qui tente de faire appliquer la loi, mais l’administration qui se soustrait à la mise en œuvre effective du droit.
Le ministre Bruno Retailleau lors de sa visite au centre de rétention administrative au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), le 11 octobre 2024. (Julien De Rosa/AFP)
par Kim Reuflet
publié le 14 octobre 2024 à 10h10

La récidive criminelle a surgi une nouvelle fois dans l’actualité au travers du crime effroyable commis à l’encontre de Philippine, jeune femme de 19 ans, retrouvée morte, le 21 septembre, à Paris. Malgré la tentative des associations féministes de mettre la focale sur la question soulevée par le 104e féminicide de l’année 2024, soit la nécessité de mieux lutter contre ces crimes de genre, le débat public s’est égaré sur l’exécution des mesures d’éloignement et la nationalité de l’auteur présumé du crime. La cohorte des contempteurs de la justice a vite ouvert son habituel procès en laxisme, peu important d’ailleurs aux adeptes du justice bashing que la justice ne soit pour rien dans l’exécution des mesures d’éloignement et que cette question soit hors sujet dans un débat sur la récidive.

Plusieurs années pendant lesquelles un condamné était sous main de justice, en milieu carcéral, n’ont pas suffi aux services du ministère de l’Intérieur pour préparer une reconduite à la frontière, mais c’est un juge qui serait responsable de cet échec après 75 jours de rétention administrative ? C’est une