Menu
Libération
TRIBUNE

Michel Schneider, dernière séance

Article réservé aux abonnés
Passionné par les secrets de l’art ou de la vie politique, le psychanalyste, énarque et fin mélomane, est décédé le 21 juillet.
Michel Schneider, chez lui, à Paris, en 2003. (Hannah Assouline/Opale)
publié le 23 juillet 2022 à 12h39

L’année dernière, Michel Schneider rangeait sa bibliothèque, déjà. Il le racontait dans un sombre récit autobiographique, Des livres et des femmes (Gallimard, 2021) : «Morceau par morceau, je m’en vais», écrivait-il notamment. Sans doute, avant même que le cancer ne l’habite, Michel Schneider, mort le 21 juillet à 78 ans, était-il construit de morceaux qui flottent, se cognent ou se décomposent, ça dépend des moments – mais qui n’est pas construit de morceaux ? Il était tout à la fois énarque, économiste, ancien maoïste et ex-lacanien, psychanalyste, romancier, directeur de la musique et de la danse au ministère de la Culture entre 1988 et 1991, alors que Michel Rocard était Premier ministre. Il était mélomane, pianiste, admirateur et connaisseur de Bach et de Schumann, et auteur d’un essai superbe (nous pesons notre qualificatif), Glenn Gould, piano solo. Publié en 1988, ce livre s’inscrivait dans la collection «L’un et l’autre» que dirigeait le regretté J.-B. Pontalis. C’était l’époque, aussi, où l’on découvrait les documentaires de Bruno Monsaingeon sur Gould. Glenn Gould, piano solo est une biographie personnelle, schneiderienne, donc dense, austère et subtile du génie qui chantonnait en interprétant