Quelle terrible ironie ce fut pour moi d’apprendre la mort de Michèle, deux semaines à peine après avoir renoué avec elle des liens initiés au tout début des années 90 ! En 1998, nous avions publié ensemble un livre consacré au nucléaire civil français, puis nous avions affronté en correctionnelle le fameux professeur Pellerin lors d’un procès mémorable… qu’il a perdu. Puis je me suis envolée définitivement pour les Etats-Unis, et Michèle et moi avons peu à peu cessé de nous voir, séparées par un océan et des activités qui ne nous donnaient plus l’occasion de nous croiser.
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Notre aventure commune a été rock’n’roll, comme souvent avec Michèle. Etant journaliste à Libération lorsqu’elle a fondé la Crii-Rad avec son mari François Mosnier, je la croisais ou l’interviewais de temps à autre. Un jour, elle et François m’ont proposé de les rejoindre à La Rochelle, où ils réalisaient des mesures de radioactivité surréalistes dans la baie, dues aux rejets d’une usine locale. Le truc habituel : pollution contre emplois et nécessité de production. Ils m’ont trimballée en bottes dans la vase, puis Michèle m’a rembarquée dans son TGV vers Valence pour me faire rencontrer le labo et l’équipe de la Crii-Rad au complet.
J’ai dormi chez elle, admiré leur maison autonome isolée dans la montagne surplombant le beau Rhône et ses innombrables réacteurs, et j’ai compris leur guerre contre l’atome mal maîtrisé. Michèle m’a montré son village de Félines, dont elle allait bientôt rej