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TRIBUNE

Mise en examen d’Agnès Buzyn : la tentation du bouc émissaire 

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La pandémie de Covid-19 en Francedossier
On ne peut faire payer à un individu, serait-il ministre, l’incurie de la politique sanitaire de dizaines d’années, sauf à dévoyer le sens de l’action pénale, estiment les avocats Stéphanie Barré-Houdart et Guillaume Champenois.
Agnès Buzyn au Sénat, le 23 septembre 2020. (Stephane de Sakutin/AFP)
par Stéphanie Barré-Houdart, Avocate associée Cabinet Houdart et associés et Guillaume Champenois, Avocat associé Cabinet Houdart et associés
publié le 20 septembre 2021 à 12h09

Cette tribune nous est dictée par l’émotion qu’a suscitée la mise en examen par les magistrats en charge de l’instruction auprès de la Cour de justice de la République de Mme Agnès Buzyn pour «mise en danger de la vie d’autrui» en raison de son action alors qu’elle était ministre des Solidarités et de la Santé, et qu’elle a eu à affronter le «tsunami» (pour reprendre son propre terme) de l’épidémie de Covid-19.

Il ne s’agit naturellement pas ici d’une analyse du dossier pénal, mais de quelques réflexions d’avocats intervenant depuis de très nombreuses années auprès des acteurs et des décideurs des secteurs de la santé et du médico-social sur le choix d’une pénalisation toujours croissante de l’action publique.

Que la crise sanitaire d’une ampleur inédite ait révélé «un pays mal préparé et mal équipé», un manque cruel de coordination entre institutions publiques, des complexités et blocages au sein des administrations concernées, un centralisme ignorant les réalités de terrain, un secteur médico-social dévasté, une gestion hasardeuse des approvisionnements des protections individuelles, et plus généralement une