Loger est la raison d’être de la ville, la condition pour qu’elle demeure ce qu’elle doit être : un lieu à soi et une place parmi les autres. Or, aujourd’hui, la crise du logement est étendue à l’ensemble de nos métropoles en France et en Europe. En cause, les logiques spéculatives qui ont fait de l’habitat un produit de placement ou d’épargne, et l’attractivité touristique qui a transformé les propriétaires bailleurs en gestionnaires d’Airbnb. Les conséquences pour le fonctionnement des villes sont encore mal mesurées. Dans le meilleur des cas, quand un parc de logements sociaux existe, on ne sait plus loger les classes moyennes. Dans le pire des cas, on ne loge plus que les riches. A l’échelle des ménages, il devient difficile de faire des projets : quel avenir imaginer quand on doit refuser un emploi faute de pouvoir se loger, ou différer une séparation ou une naissance en l’absence des conditions matérielles élémentaires qui permettent l’exercice des libertés ?
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En 1998, Jean-Pierre Sueur, maire d’Orléans, remettait un rapport qui fit date, intitulé «Demain la ville». Il formulait des préconisations sur les politiques de renouvellement urbain pour les quartiers populaires. La réponse proposée par les experts mobilisés – dont Patrice Vergriete ministre du Logement d’Elisabeth Borne et actuel ministre des Transports – fut ambitieuse et motiva les travaux des urbanistes pendant les 25 années suivantes. Le mot-clé qui ressortit du rapport fut le terme désormais galvaudé de «mi