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TRIBUNE

Monsieur Barnier, accordez à la biodiversité autre chose qu’un dédain criminel

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La biodiversitédossier
La biodiversité n’est pas un divertissement laissé aux amoureux des petits oiseaux. Alors que le nouveau ministère de l’Environnement ne mentionne même plus la biodiversité, Allain Bougrain-Dubourg rappelle qu’il est essentiel d’engager une réflexion sur le vivant. Avant qu’il ne soit trop tard.
En 2023 à Paris, Allain Bougrain-Dubourg, lors d'une manif de protestation contre la pêche au filet tuant des dauphins dans le golfe de Gascogne. (Ludovic Marin/AFP)
par Allain Bougrain-Dubourg, militant associatif, journaliste, président de la Ligue pour la protection des oiseaux depuis 1986
publié le 25 septembre 2024 à 11h20

Rappelez-vous ! Au lendemain du Covid-19, un concert s’élève à l’unisson : «Plus jamais cela.» Plus jamais la maltraitance de la vie sauvage qui conduit à la rupture de barrières biologiques. Quelle qu’en soit l’origine, des chauves-souris, des pangolins ou d’insidieux virus, la déstabilisation de l’ordre naturel a sonné le glas de notre bien-être.

Engager une réflexion élémentaire vers le respect

L’IPBES (plateforme internationale scientifique se consacrant à la biodiversité, tel le Giec au climat), synthétise et documente la situation en alertant les décideurs politiques de la planète. Au-delà des différences confessionnelles, idéologiques ou économiques, l’intérêt supérieur impose d’écouter battre le cœur de la biodiversité, de ne plus la rendre corvéable avec aveuglement, d’engager une réflexion élémentaire vers le respect.

Pratiquement, cela signifiait qu’il fallait mettre un terme à ces marchés de la mort offrant l’agonie en vitrine. Des lézards desséchés, des mains de primates coupées, des serpents éventrés, toutes innocentes victimes arrachées à leurs lointains territoires.

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité agrège, en France, les établissements publics les plus remarquables étudiant le vivant, comme le Museum naturel d’histoire naturelle, l’Ifremer, l’Inrae, l’IRD et bien d’autres… Et cette Fondation a clairement souligné qu’ignorer cette alerte conduirait à une récidive dont nous nous relèverions difficilement.

Qui se souvient aujourd’hui de cet appel à la raison ? Sûrement pas le nouveau gouver