Monsieur le Président, ce qui nous divise, c’est un rapport à la vie, à la France, à ses habitants, à une manière de conduire la politique. Monsieur le Président, connaissez-vous la vie des immigrés, des réfugiés, connaissez-vous les raisons de leur installation en France ? Je ne le crois pas. Ces gens et leurs enfants ne sont pas des mendiants, la quasi-totalité est venue étreindre le rêve français.
Comme ma mère, ces millions de personnes mènent des vies ordinaires, qu’ils soient ouvriers, employés, petits commerçants, médecins, ils n’ont jamais pensé être des «problèmes» ni cherché à en faire partie. Comme tout le monde, ils en connaissent, ils peuvent en créer et ils en affrontent. Si la France les attire, c’est qu’elle est attirante. Pour empêcher les gens de venir, il faudrait l’enlaidir. Le souhaitez-vous ?
Monsieur le Président, Paul Ricœur, qui vous a été cher, expliquait «qu’exister, c’est se raconter». Il me semble qu’à l’heure où l’Assemblée nationale a débattu de l’«immigration», il est nécessaire de raconter, de répéter qu’inscrire son destin sur une nouvelle terre est bien plus qu’une anecdote. A l’hiver 1984, mes parents ont posé leurs valises en France, ils fuyaient un pays où ils étaient condamnés à mort, un pays qui les a déchus de leur nationalité. La France est devenue leur cocon, ils on