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TRIBUNE

Monsieur Macron, détestez-vous les immigrés ?

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En désignant les «migrants» comme des gens à problèmes, les immigrés et leurs enfants savent qu’ils sont aussi visés. C’est la petite musique de l’extrême droite. Hier, on se bouchait les oreilles quand on l’entendait, maintenant, c’est le président de la République qui la chante.
Le président Macron lors de son discours au musée de la Marine, à Paris, le 27 novembre 2023. (Christophe Ena/POOL via Reuters)
par Mahir Guven, Ecrivain
publié le 20 décembre 2023 à 19h37

Monsieur le Président, ce qui nous divise, c’est un rapport à la vie, à la France, à ses habitants, à une manière de conduire la politique. Monsieur le Président, connaissez-vous la vie des immigrés, des réfugiés, connaissez-vous les raisons de leur installation en France ? Je ne le crois pas. Ces gens et leurs enfants ne sont pas des mendiants, la quasi-totalité est venue étreindre le rêve français.

Comme ma mère, ces millions de personnes mènent des vies ordinaires, qu’ils soient ouvriers, employés, petits commerçants, médecins, ils n’ont jamais pensé être des «problèmes» ni cherché à en faire partie. Comme tout le monde, ils en connaissent, ils peuvent en créer et ils en affrontent. Si la France les attire, c’est qu’elle est attirante. Pour empêcher les gens de venir, il faudrait l’enlaidir. Le souhaitez-vous ?

Monsieur le Président, Paul Ricœur, qui vous a été cher, expliquait «qu’exister, c’est se raconter». Il me semble qu’à l’heure où l’Assemblée nationale a débattu de l’«immigration», il est nécessaire de raconter, de répéter qu’inscrire son destin sur une nouvelle terre est bien plus qu’une anecdote. A l’hiver 1984, mes parents ont posé leurs valises en France, ils fuyaient un pays où ils étaient condamnés à mort, un pays qui les a déchus de leur nationalité. La France est devenue leur cocon, ils on