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Disparition

Mort de Mike Davis, critique du capitalisme du désastre

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A l'ère de l'anthropocènedossier
L’historien et géographe américain, auteur de «City of Quartz», est mort le 25 octobre. Son œuvre démontre que les luttes pour construire et habiter la ville conditionnent l’histoire des dominations sociales. Il avait 76 ans.
Mike Davis le 2 janvier 2017. ( Orhan Ayyüce/Creative Commons. Wikipedia)
par Paul Guillibert, Philosophe
publié le 27 octobre 2022 à 17h24

J’ai appris avec beaucoup de tristesse la mort de Mike Davis. Intellectuel intransigeant, ses livres ont marqué plusieurs générations donnant souvent une orientation décisive à un engagement politique ou à un travail de recherche. On dit qu’il était capable dans la vie des mêmes provocations que dans ses livres, toujours prêt au combat, indépendant à l’égard des institutions académiques, acharné. A partir de 16 ans, en parallèle de ses études, il fut ouvrier d’abattoir, puis chauffeur de camion et syndicaliste engagé pendant de nombreuses années. Membre de la New Left Review dans les années 80, puis de la Socialist Review et professeur d’histoire à l’université d’Irvine en Californie, il a écrit une quinzaine de livres et de nombreux articles, tous animés par une critique radicale du capitalisme du désastre.

«Let Malibu Burn»

Lycéen, j’ai découvert son travail dans Los Angeles, City of Quartz (1990) où s’exprime le leitmotiv essentiel de son œuvre : les classes sociales ont une géographie urbaine, les luttes pour construire et habiter la ville conditionnent l’histoire des dominations sociales. Dans City of Quartz, on a parfois l’impression que le géographe sillonne les archives comme Philip Marlowe, le détective privé de Raymond Chandler, arpente Los Angeles au volant de s