Menu
Libération
TRIBUNE

Ne laissons pas la pauvreté devenir quelque chose d’acceptable

Article réservé aux abonnés
Comment se fait-il que la France ne parvienne plus à faire reculer la misère ? Trente ans après la «grande cause nationale 1994», le collectif Alerte préconise de changer de braquet et d’investir plus en amont pour éradiquer la pauvreté à la racine.
Devant l'école primaire Frida-Kahlo où des parents d'élèves et le collectif Jamais sans toit alertent la mairie et la métropole de Lyon le 22 mars 2024. (Thibaut Durand/Hans Lucas)
par Un collectif d'associations
publié le 21 novembre 2024 à 8h06

La France tolère aujourd’hui ce qui était inacceptable hier. Plus de neuf millions de personnes sont en situation de pauvreté en France métropolitaine dont près de quatre millions en situation de grande pauvreté. Des milliers d’enfants dorment à la rue chaque nuit et pour au moins huit millions de personnes, l’accès à une alimentation suffisante et digne demeure un défi quotidien, malgré leur droit à l’alimentation. Pire encore, il faut six générations pour qu’un descendant de famille pauvre atteigne le revenu moyen en France.

Voilà trente ans les associations de solidarité et de défense des droits humains s’étaient réunies pour réclamer d’une même voix un pacte contre la pauvreté. Depuis cette «grande cause nationale 1994», les plans de lutte contre la pauvreté se sont succédé, mais la pauvreté a continué de toucher un nombre croissant de personnes. Nous ne pouvons nous résoudre à cette triste fatalité !

Comme Victor Hugo, nous sommes «de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère». Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la pauvreté qui s’enracine au sein de notre société. Les personnes en situation de précarité ne demandent pas la charité, elles demandent l’égal accès aux droits, l’égalité des chances et le respect de leur dignité.

Comment se fait-il que notre modèle social, socle de notre démocratie, ne parvienne plus à faire reculer la misère ? Notre système est très redistributif, mais de plus en plus ignorant du coût de la pauvreté. Nous avons