«No pasarán !» «Ils ne passeront pas !» : un slogan clamé en Espagne entre 1936 et 1939 contre le franquisme, dans l’espoir de stopper aussi l’ascension fasciste en Europe. Pour certains, il est désuet ; pour moi, il résonne avec force. Bien sûr, la période n’est pas la même, et si les tenants du néofascisme aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier, ils en sont néanmoins les héritiers directs. Au cours des années passées, nous avons souvent dit que la lutte contre l’extrême droite ne pouvait pas seulement s’effectuer au nom de la morale et de l’histoire. Soit. Mais nous avons fini par nous montrer taiseux sur le sujet. Et de ce fait, nous avons contribué à l’oubli.
Nous avons oublié l’existence d’un fascisme français, sans double nationalité. Le récit communément admis présente l’extrême droite au pouvoir en France comme la conséquence de l’invasion allemande et de la collaboration du régime de Vichy. Comme si le fascisme hexagonal avait été un corps étranger inoculé par l’occupant. Les racines du fascisme tricolore sont pourtant profondes, et remontent à loin. Aussi loin que la révolution de 1789 et les positions contre-révolutionnaires qu’elle a provoquées dans le camp politique adverse, structurant durablement une partie de la droite sur des bases «vendéennes».