Mercredi 26 mars, comme chaque matin, j’allume machinalement ma radio sur France Inter, comme beaucoup, et j’entends la voix de Nicolas Demorand, cette voix si reconnaissable qui suggère un mélange de détermination et d’inquiétude joyeuse. Elle s’exprime avec un «je» pour évoquer une maladie mentale – la sienne – nommée «bipolarité». Je pense alors que je ne suis pas bien réveillée. Ma première réaction est celle de l’incrédulité devant ce que j’entends, ce «je» affirmé de l’animateur qui, généralement, évoque l’actualité du monde dans lequel nous vivons. Et ceci d’autant plus dans un pays qui n’aime pas beaucoup l’expression du «je» quand il mélange le public et l’intime.
L’actualité au sens de ce qui est présent ce matin-là ne tient pas dans un nouveau décret du président américain, mais dans le récit d’une lutte au passé, au présent et au futur de quelqu’un de connu face à sa maladie. Cette maladie n’est pas un cancer, mais une maladie mentale, du registre de celles dont on pense qu’elles peuvent conduire à l’hôpital psychiatrique, face à la discrimination