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TRIBUNE

Nicolas Demorand, la puissance des vulnérables

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Santé mentaledossier
Le présentateur de France Inter témoigne dans un livre de sa bipolarité. Son parcours montre une possibilité de dépassement de soi face à l’épreuve. Une nouvelle exposition des fragilités qui appelle des politiques publiques engagées au nom de cette vulnérabilité, selon la philosophe Fabienne Brugère.
Le journaliste Nicolas Demorand à Paris, le 8 juillet 2021. (Joël Saget/AFP)
par Fabienne Brugère, philosophe
publié le 30 mars 2025 à 18h15

Mercredi 26 mars, comme chaque matin, j’allume machinalement ma radio sur France Inter, comme beaucoup, et j’entends la voix de Nicolas Demorand, cette voix si reconnaissable qui suggère un mélange de détermination et d’inquiétude joyeuse. Elle s’exprime avec un «je» pour évoquer une maladie mentale – la sienne – nommée «bipolarité». Je pense alors que je ne suis pas bien réveillée. Ma première réaction est celle de l’incrédulité devant ce que j’entends, ce «je» affirmé de l’animateur qui, généralement, évoque l’actualité du monde dans lequel nous vivons. Et ceci d’autant plus dans un pays qui n’aime pas beaucoup l’expression du «je» quand il mélange le public et l’intime.

L’actualité au sens de ce qui est présent ce matin-là ne tient pas dans un nouveau décret du président américain, mais dans le récit d’une lutte au passé, au présent et au futur de quelqu’un de connu face à sa maladie. Cette maladie n’est pas un cancer, mais une maladie mentale, du registre de celles dont on pense qu’elles peuvent conduire à l’hôpital psychiatrique, face à la discrimination