Ils ont passé des années à désigner des coupables. Aujourd’hui, c’est eux qui sont jugés.
Pendant des années, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen ont construit leur carrière sur la dénonciation des «racailles». Toujours les mêmes. Celles des quartiers populaires, celles du 93, celles qu’ils montraient du doigt à chaque élection pour promettre plus de fermeté, plus de sévérité, plus d’exemplarité. «Il faut nettoyer tout cela au Kärcher», disait alors le ministre de l’Intérieur de l’époque, Sarkozy, avant de devenir président en 2007. Il fallait que la justice soit impitoyable.
Marine Le Pen, elle, avait une théorie bien rodée : ceux qui volaient, qui trichaient, qui piquaient dans la caisse de la Sécu, c’étaient les immigrés et leurs descendants. Les autres, les puissants, avaient pour seule mission de remettre de l’ordre dans ce chaos.
Mais voilà qu’aujourd’hui, la justice est sur les côtes de ces autres. Ceux en costume sur mesure. Ceux qui donnent des leçons de morale tout en s’affranchissant des lois qu’elles prétendent défendre. Et soudain, le discours change.
Marine Le Pen, condamnée en première instance (elle a fait appel) à une peine de quatre ans de prison dont deux ferme aménagés sous bracelet, assortie d’une inéligibilité de cinq ans s’appliquant immé