«Vous êtes souveraines, femmes qui côtoyez la haine.» Alors que le Salon de l’agriculture ferme ses portes, ces paroles de la chanteuse Clara Ysé me font brusquement écho : j’ai vu, dans les allées du Salon, l’extrême droite récupérer les fruits d’une colère mûrie dans le terreau de la misère agricole engendrée par des décennies de politique productiviste. Mais un projet de société basé sur la scission, le rejet de l’écologie et le repli identitaire ne résoudra pas la crise.
Le gouvernement a sa part de responsabilité dans la montée en puissance de l’extrême droite. Face à la grave crise actuelle, il nous promet un «réarmement agricole», de la même manière que l’on a annoncé récemment, à nous, les femmes, un «réarmement démographique». Faire produire nos utérus, faire cracher nos terres. La même rhétorique guerrière, qui sème la haine au lieu de semer la vie. Seulement voilà : «Ni la terre ni les femmes ne sont des territoires à conquérir», nous rappellent les féministes d’Amérique du Sud – cri du cœur repris désormais par les paysannes de l’hexagone. Sous couvert de «