Alors que l’émerveillement initial suscité par l’intelligence artificielle se dégonfle, un phénomène étonnant se fait jour : un attachement affectif à l’IA, indépendant de ses réalisations pratiques. Qu’elle prenne la forme de «compagnons de conversation», de «partenaires amoureux», de «psychologues thérapeutes» ou encore de «personnes ressuscitées», l’IA sait désormais tisser des relations personnelles avec ses utilisateurs, comme le mettait en scène le film Her (2013).
Paradoxalement, sa puissance de calcul avant tout quantitative est devenue capable de produire une réalité humaine qualitative par nature. Ces relations virtuelles, en effet loin d’être instrumentales comme avec un frigo qui parle, une voiture qui obéit ou une application qui répond, constituent un espace d’interactions où chacun se définit par rapport à l’«autre». Il ne s’agit plus de faire faire, mais de faire être. Car c’est du sein des relations que notre conscience émerge, que notre langage signifie, que notre liberté décide.
Prendre racine dans une illusion ?
Ce qui pose deux questions, de fait et de principe. D’abord, ces relations virtuelles vont