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Entretien

«Nous n’avons pas de protections institutionnelles ou culturelles contre les médias Bolloré»

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Alors que l’Arcom a auditionné, le 15 juillet, les dirigeants de CNews pour le renouvellement de leur fréquence TNT, l’historien Alexis Lévrier et le sociologue Rémy Rieffel analysent la responsabilité du milliardaire dans l’extrême-droitisation du débat politique.
Marine Le Pen lors d’une interview sur CNews durant une session de discussion sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, en 2023. (Eliot Blondet/ABACA)
publié le 22 juillet 2024 à 14h45

Polarisation, bascule entre informations et opinion, logique financière et économique… Au moment où l’Arcom doit renouveler, ou pas, les fréquences TNT des chaînes C8 et CNews, l’historien des médias Alexis Lévrier, maître de ­con­férences à l’université de Reims, et le sociologue des médias Rémy Rieffel, professeur à l’université Paris-II Panthéon-Assas et auteur de l’Emprise médiatique sur le débat d’idées (PUF, 2022), s’inquiètent de l’emprise de l’empire de Vincent Bolloré sur le débat public. Entretien croisé.

Que sait-on aujourd’hui de l’impact réel des médias sur une élection ?

Rémy Rieffel : Ce que montrent les études, depuis plus de soixante-dix ans, c’est que les médias ne font pas une élection. Il y a, ceci dit, des effets de cadrage importants, qui se déclinent de trois manières. D’abord, il y a un phénomène de communication à deux étapes : les opinions se forment une première fois à partir de ce qu’on regarde, lit ou entend, mais se confirment avec les gens avec lesquels on en discute. Il y a donc un filtrage par le biais de guides d’opinions – des gens proches, dont l’avis compte pour nous – qui nuance l’impact direct des médias sur les individus.

Le deuxième point, c’est que les médias ont un effet d’agenda : quand on interroge les gens sur ce qui leur semble le plus imp