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tribune

Nouvelle-Calédonie : réconcilier sans renoncer, par Jean-Jacques Urvoas

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L’ex-garde des Sceaux salue l’accord signé à Bougival le 12 juillet, qui prévoit l’instauration d’un Etat au sein de la République française. Il y voit une innovation institutionnelle qui prouve que le droit peut être souple, malléable, stratégique.

Le président Macron et les négociateurs de la Nouvelle-Calédonie lors de la conclusion du sommet, le 12 juillet 2025. (Eric Tschaen/Bestimage)
Par
Jean-Jacques Urvoas, ancien garde des Sceaux, professeur de droit public à l’université de Brest
Publié le 15/07/2025 à 15h32

Vouloir éviter le pire n’a rien d’évident. Dans toutes les situations de tension, il y a plus de confort et de facilité intellectuelle à cultiver le conflit qu’à rechercher un accord. Le compromis, lui, ne s’impose jamais. Il s’arrache, parce qu’il oblige chaque camp à céder des emblèmes ou des positions dont la sauvegarde eut mérité aux yeux de certains - il y en a toujours de ces certains-là – la poursuite de l’affrontement.

Et pourtant, à Bougival, ce samedi 12 juillet, ils furent 19 élus, venus de tous les horizons politiques, indépendantistes et non-indépendantistes, à avoir eu le courage de réapprendre à marcher ensemble pour signer un «projet d’accord pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie». Le texte prévoit l’instauration d’un «Etat de la Nouvelle-Calédonie» au sein de la République française. Geste rare. Acte de refondation. Michel Rocard (1930-2016), Jean-Marie Tjibaou (1936-1989) et Jacques Lafleur (1932-2010) se sont ainsi trouvé des héritiers.

Mais le vertige du soulagement n’a qu’un temps. Très vite, les critiques ont commencé à fuser. Celle-ci dénonce «un accord profon