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TRIBUNE

Nouvelles réflexions sur la question juive

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L’antisémitisme n’a jamais été cantonné à l’extrême droite, rappelle l’historien Jean-Numa Ducange. Classer des mouvements comme le Hamas du côté de ceux qui résistent à l’oppression, c’est oublier que l’islamisme hait les juifs, et a écrasé tout courant de gauche qui pourrait contester son hégémonie.
Devant la synagogue de Sarcelles, en banlieue parisienne, le 11 octobre 2023. (Geoffroy Van Der Hasselt/AFP)
par Jean-Numa Ducange, professeur d’histoire contemporaine (université de Rouen), directeur de la collection «Questions républicaines» (PUF)
publié le 30 octobre 2023 à 18h35

L’attaque terroriste du 7 octobre perpétrée par le Hamas avec son cortège d’atrocités a immédiatement révélé des lignes de fracture au sein de la gauche française, tout comme la violente riposte de l’armée israélienne sur Gaza. Les partis de la Nupes ne manquaient certes pas de points d’achoppements. Mais l’histoire retiendra probablement que la fragile union constituée en mai-juin 2022 s’est évanouie définitivement après ces événements. On peut être surpris, le déplorer ou s’en réjouir, mais une chose est certaine : le conflit israélo-palestinien a immédiatement eu des conséquences sur la vie politique nationale. Il a remis au goût du jour des débats anciens (le soutien à des mouvements de «résistance» à l’oppression) et dévoilé l’actualité d’un antisémitisme aussi ancien que virulent.

Forces politiques réactionnaires

La résistance fait partie de l’ADN de la gauche depuis ses origines : la Déclaration des droits de l’homme de 1789 ne proclame-t-elle pas la «résistance à l’oppression» et ce, non seulement pour les Français, mais aussi pour tous les peuples du monde ? C’est bien cette Déclaration qu’ont brandie de nombreux représentants de mouvements de libération nationale, d’Alger au Vietnam, de l’Afrique subsaharienne à l’Amérique latine, pour se soulever contre la do