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TRIBUNE

Nucléaire : un retour en arrière dangereux, par Corinne Lepage

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Pour l’ancienne ministre de l’Environnement, le démantèlement de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire est une mauvaise stratégie pour répondre aux enjeux de sûreté, industriels et économiques.
Mardi, les employés de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire se sont mobilisés pour protester contre le démantèlement de l'institution, à Paris. (Christophe Archambault/AFP)
publié le 3 mars 2023 à 10h15

Le démantèlement de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) – à savoir sa fusion avec l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) – nous fait perdre trente ans de progrès dans la construction de l’autonomisation de la sûreté nucléaire en France. En 1996, après avoir nommé le directeur de l’Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN), qui n’avait à l’époque qu’une fonction de recherche et d’évaluation sans pouvoir réel, un bras de fer s’était engagé entre le monde nucléaire et moi-même. La nomination de son successeur en était la raison. L’IPSN s’était alors mis en grève, situation jusque-là inédite, car son autonomie était en cause. A l’époque, l’IPSN n’était en effet qu’un démembrement du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) sans aucune existence juridique ; tout dépendait donc de la force de caractère de son directeur.

La réforme qui se prépare, hors de tout débat démocratique – nous y sommes malheureusement habitués s’agissant du nucléaire mais pas seulement –, est donc un tragique retour en arrière qui refait tomber dans les bras du CEA toute la partie recherche et évaluation que gérait l’IRSN. Cela met ainsi un terme au progrès qu’avait constitué la création de cet établissement public qui avait su, au cours des années, exercer sa mission avec sérieux et