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TRIBUNE

Olympisme : derrière la vitrine de la méritocratie, des valeurs élitistes de droite

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A la veille de la cérémonie d’ouverture des JO, à Paris, le philosophe Raphaël Verchère rappelle que pour décrocher une médaille, s’entraîner 10 000 heures ne suffit pas, que des facteurs génétiques et sociaux jouent à plein. De quoi démonter les valeurs aristocratiques et inégalitaires promues par la compétition sportive mondiale.
Intérieur du Grand Palais à Paris, servant de lieu de formation des volontaires olympiques, le 22 juillet 2024. (Benoit Tessier/REUTERS)
par Raphaël Verchère, agrégé de philosophie, chercheur en éthique du sport
publié le 22 juillet 2024 à 19h22

Dans une poignée de jours aura lieu la cérémonie d’ouverture des tant attendus Jeux olympiques de Paris, dans le contexte que l’on sait, où la crainte d’une récupération politique de l’événement se fait sentir, qui serait contraire aux «valeurs du sport». Mais ces valeurs du sport, quelles sont-elles ?

L’une des caractéristiques de l’Olympisme, «c’est le fait d’être une aristocratie, une élite», clamait Pierre de Coubertin sur les ondes radiophoniques berlinoises sur lesquelles Hitler l’avait invité, peu avant les JO de 1936. Qu’entendait-il par là ? Que les champions consacrés par les compétitions sportives le sont, certes, du fait de leur «volonté d’entraînement», mais surtout de par leur «supériorité corporelle», qui tient à des facteurs innés. L’ordre sportif est arbitraire, reposant sur des caractéristiques de naissance, ce qui plaît à Coubertin : «Tous les jeunes hommes ne sont pas désignés pour devenir des athlètes», tous ne seront pas des «olympiques, c’est-à-dire capables de disputer des records mondiaux». Le sport récompense comme un privilège de naissance. «On naît champion de natation, on ne le devient pas», écrivait Maurice Boigey (1877-1952), pionnier de la médecine du sport dans les années 40. Plus près de nous, Per-Olof Astrand (1922-201