L’autre soir, à Paris, Isabelle Huppert jouait Bérénice sur la scène du Théâtre de la Ville à Paris. Quand, tout à coup, vers la fin de la représentation, quelqu’un l’a interpellée depuis la salle. Un spectateur, mécontent du spectacle, a crié : «On comprend pas ce que tu dis, Isabelle !» La comédienne a continué de jouer comme si de rien n’était, ou presque. Quelques instants plus tard, le même homme est parti d’un éclat de rire mauvais. Puis il s’est mis à la huer, suivi par d’autres spectateurs. C’était violent.
En sortant du théâtre, on avait la gorge serrée et les larmes aux yeux. D’émotion et de colère mêlées. Dans tous les sens du terme, on était choqués. En rentrant à l’appartement, on a eu besoin d’écrire ce qui s’était passé. Depuis le début.
Ça commence quand on arrive dans la salle. On est placés rang X, sièges 21 et 23. Autrement dit, on ne peut pas être plus haut. On est rassurés : même de loin, on voit suffisamment la scène. Et aussi tous les gens devant. Le public est ce soir le prolongement du spectacle. Les gens arrivent, se placent. Ils demandent à l’ouvreur où se situent leur siège quand ils ne le trouvent pas. Tout va bien, c’est normal. En attendant le lever du rideau, on feuillette le programme où il est écrit «Bérénice, d’après Jean Racine». Il y a un résumé, sans doute ajouté à la d