Jeudi dernier, le 12 juin, à 10 heures du matin, j’ai appris que j’étais récipiendaire du prix Acum (1) pour l’ensemble de mon œuvre. «L’ensemble de ton œuvre ? Tu n’as même pas 60 ans. Tu ne trouves pas que c’est bizarre ?» s’est étonnée ma femme. «Tu as peut-être raison, j’ai dit, mais n’en parlons pas trop, ils pourraient changer d’avis.»
Dix-sept heures plus tard, en me réveillant avec les joyeuses informations de bombes sur Natanz et de missiles sur Tel-Aviv, l’annonce d’un prix sur l’ensemble de mon œuvre avant l’âge m’a paru un peu moins absurde. Après tout, on ne sait jamais à quel moment un missile balistique risque de fermer votre boutique. Et nous voilà, ma femme Shira et moi, en l’absence d’un abri, assis dans le couloir de notre appartement, en train d’écouter les échos des explosions et de penser à des jours meilleurs où, au lieu d’attendre passivement les missiles qui nous tomberont de la stratosphère, nous savions organiser des querelles pour une vétille : comment faire marcher le lave-vaisselle, comment éduquer notre fils et même à quelle température régler le climatiseur. Et nous regrettons les jours où nous finissions par faire la paix sans que «Bibi» ou Trump s’en mêlent.
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Il est 5 heures du matin et je suis de nouveau assis sur le carrelage du couloir. Le bruit de l’explosion est particulièrement fort cette fois-ci. Demain, je suis censé mettre en ligne une nouvelle chronique sur ma newsletter. J’ai écrit quelque chose sur la première f