Sur la photo de famille du post-#MeToo, beaucoup d’hommes ne savent parfois plus où se mettre. Devant, à côté, au second plan ? Ou carrément s’effacer ? Hommes et femmes seraient-ils devenus des adversaires, ou faut-il tenter de s’allier, et si oui, comment ? En s’inspirant du livre de la journaliste Giulia Foïs, Ce que le féminisme m’a fait, Libé donne la parole à ces hommes, écrivains, artistes, hommes politiques, hétéros ou homosexuels, qui racontent comment ils vivent leur nouveau rapport à la masculinité et au féminisme.
Tu seras un dominant mon fils. «Ton père a réussi, il a des responsabilités [rien à propos de ma mère]. Ton grand-père aussi avait réussi… il était brillant.» C’est ma grand-mère paternelle qui parle. La réussite se conjugue donc au masculin et l’admiration au féminin. Mon père est rarement à la maison. Ma mère ne sort que pour faire les courses ou nous accompagner mon frère et moi au judo, à la musique ou à un rendez-vous médical. Elle ne reçoit jamais d’ami·es. C’est mon père qui reçoit – ses collaborateurs ou des membres du club des notables mâles locaux (le Lions Club), accompagnés de leur femme. Quand le téléphone sonne, c’est toujours pour lui, jamais pour ma mère.
Lors des réunions de famille, seuls les MASSERA parlent. Placés en bout de table, les STAEHLE se taisent. L’histoire des MASSERA – haut gradés dans les colonies, entrepreneurs ou résistants en Haute-Savoie, nous l’entendons beaucoup, mais celle des STAEH