Mardi 3 juin au soir, France 2 diffusait l’émission Parlons santé mentale, présentée comme un grand rendez-vous de sensibilisation. J’ai regardé, avec l’attention fébrile de celles et ceux qui espèrent, enfin, se voir représentées. Je suis moi-même concernée par des troubles psychiques. Ce que j’ai vu m’a bouleversée. Non pas par la justesse du propos, mais par l’abîme qu’il creusait entre la réalité et ce que l’émission en donnait à voir.
Ce qui m’a le plus consternée, c’est ce que l’émission a choisi de passer sous silence. Aucun mot sur les centres médico-psychologiques saturés. Aucun mot sur les délais d’attente ahurissants, les six mois pour un premier rendez-vous. Aucun mot sur la pénurie dramatique de psychologues et psychiatres accessibles. Aucun mot, surtout, sur la réalité de l’hospitalisation psychiatrique en France : l’enfermement, l’isolement, le manque de moyens criant, les services surchargés. Rien de tout cela n’a été dit. Rien. A la place, on nous a parlé d’équithérapie, de «surf thérapie»… des pratiques marginales, parfois inspirantes, mais qui ne concernent qu’une infime minorité.
Et que dire des témoignages ? On a tendu le micro, oui, mais sans jamais vraiment écouter. On a parlé de santé mentale comme on parle de météo : rapidement, prudemment, sans aspérité. Bien sûr, des choses peu entendues à une heure de grande écoute ont été dites, sur le burn-out, la dépression, l’anxiété… Mais en revanche, aucun mot n’a été prononcé sur les troubles bo