Menu
Libération
TRIBUNE

«Personne ne l’a emporté» et le président de la République n’a pas perdu ?

Article réservé aux abonnés
Pour Emmanuel Macron, le président étant l’élu du peuple, sa légitimité surpasse toute autre autorité, y compris celle de l’Assemblée nationale, élue comme lui au suffrage universel. Une lecture gaullienne et approximative de la Constitution, analyse la professeure de droit public Isabelle Boucobza.
Conférence de presse du président Macron, à Paris, le 12 juin 2024. (Albert Facelly/Libération)
par Isabelle Boucobza, professeure de droit public à l'université Paris-Nanterre
publié le 11 juillet 2024 à 14h20

Personne n’a gagné, selon Emmanuel Macron. Pourtant, à en croire sa récente lettre, lui n’aurait pas perdu. La situation politique trouble, issue des élections législatives, mène la plupart des commentateurs à un constat : la lecture présidentialiste des institutions de la Ve République ne serait plus de mise. Aujourd’hui, il faudrait convoquer une lecture parlementaire des institutions en se fondant sur ce type de régime en vigueur chez nos voisins européens.

Des éléments de réponse pourraient ainsi être apportés aux questions qui taraudent tout le monde : le président de la République doit-il nommer un Premier ministre issu du groupe qui a obtenu le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale ? En clair, doit-il appeler à Matignon un représentant du Nouveau Front populaire qui mènera une politique en rupture avec celle qu’il a conduite jusqu’ici ? Ou, au contraire, peut-il nommer un Premier ministre qui gouvernera pour mener une politique plutôt à droite, proche de la sienne, à travers une coalition entre Renaissance et Les Républicains ?

Les limites de ce raisonnement comparatif sont patentes : la Ve République n’est