Si la Ve République a fait de la dissolution un puissant instrument de résolution des crises politiques à la discrétion du président de la République, sa mise en œuvre, pour être efficace, implique au moins trois conditions.
Pour être compris dans ses intentions, le chef de l’Etat doit être en premier lieu audible. Les motivations derrière un geste qui reste éminemment politique et risqué doivent par ailleurs être jugées convaincantes, sinon sincères, par les électeurs. Enfin les forces politiques du camp présidentiel doivent être convaincues de la légitimité du geste et, partant, être convaincantes dans leur pédagogie de la dissolution.
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Les premiers enseignements du dernier scrutin législatif démontrent que, faute d’avoir réuni ces conditions, la dissolution n’a pas atteint ses objectifs. Le résultat des élections de 2024 n’améliore pas la majorité relative sur laquelle le Président pouvait s’appuyer depuis 2022. Il aggrave au contraire la situation d’instabilité parlementaire. Les trois principales forces politiques du pays connaissent un réordonnancement au profit de la gauche qui, puisant dans sa mythologie de l’unité face au péril, «vole» symboliquement la victoire morale contre le Rassemblement national à l’ancienne majorité présidentielle.
Malgré ses fortes divergences programmatiques, le Nouveau Front populaire est apparu, paradoxalement et de manière momentané, plus uni que le camp présidentiel, qui sort affaibli du scrutin et a fait étalage de ses divisions sur des en