De #MeToo à #MeTooInceste en passant par #MeTooGay, la question du consentement demeure au cœur de l’actualité. Pourtant, rien ne semble être fait pour construire collectivement une approche commune du consentement, nécessaire à l’établissement d’une véritable culture renouvelée des relations affectives et sexuelles pour toutes et tous. La notion de consentement est pourtant une des conditions sine qua non à la prévention des violences sexuelles, mais aussi à la construction d’un vivre-ensemble autour de valeurs communes.
Ces valeurs communes, incarnant le respect de soi-même et de l’altérité, doivent se transmettre dès le plus jeune âge, dans la famille comme à l’école. L’Education nationale a donc un rôle central à jouer dans l’éducation sexuelle et relationnelle des nouvelles générations. Entrer dans l’adolescence en intégrant les notions de libre choix et de consentement pour se prémunir des relations d’emprise psychique et des violences sexistes et sexuelles, nous semble essentiel. Il s’agit de proposer une véritable éducation à la vie affective et sexuelle de nos jeunes, sans discours normatif ou moraliste.
Trop peu, trop tard
La loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 rend obligatoire une information et une éducation sexuelle dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles. Cette obligation est non seulement insuffisante, mais également rarement appliquée dans sa totalité. Elle arrive par ailleurs trop tard : c’est seulement au collège, et la plupart du temps uniquement sous l’angle biologique, que l’Education nationale aborde ces sujets. La prévention contre les infections sexuellement transmissibles (IST) semble être le cœur de cet enseignement, nécessaire mais insuffisant. En effet, les relations amoureuses et le consentement sont rarement traités, comme l’indique le rapport relatif à l’éducation à la sexualité du HCE de 2016. Or s’il est largement reconnu que les stéréotypes de genre, le rôle des femmes et des hommes dans la société, mais aussi les relations humaines, en particulier amoureuses, sont le fruit d’une construction sociale et culturelle, l’éducation sexuelle continue à l’école d’être traitée sous un angle uniquement scientifique.
Un professeur de biologie a-t-il réellement vocation à parler de sexualité ? Est-ce son rôle et a-t-il été formé pour cela ? Se décharger de cette mission nécessaire sur des professeurs qui n’y sont pas préparés ne peut constituer une réponse crédible. Dès lors, trois questions se posent : sous quel angle traiter le sujet ? A quel âge ? Et qui doit intervenir ?
La question de l’éducation sexuelle doit s’inscrire plus largement dans l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle autour de la notion de consentement et de respect.
Un véritable programme d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle, dispensé par des professionnels, serait plus pertinent au collège et au lycée. L’éducation à la sexualité et à l’affectivité devrait être repensée dans un ensemble plus vaste d’éducation au respect, de soi, de l’autre et à l’affirmation de soi, de ses besoins comme de ses limites, y compris dans le cadre de la prévention de la marchandisation du corps. Cet enseignement devrait aussi être l’espace privilégié pour aborder des questions essentielles dans le développement d’une sexualité épanouie, la notion de plaisir notamment et de présenter une vision de la sexualité en phase avec la réalité des pratiques. Ces cours devraient intervenir après la déconstruction des stéréotypes de genre et l’enseignement des bases de l’égalité à l’école primaire, mais aussi la prévention de la pédocriminalité et de l’inceste.
Consentement
Il est essentiel de créer un espace pour parler sexualité avec des professionnels, d’inciter chacun et chacune à comprendre ses propres limites et celles de l’autre, à respecter son rythme et celui de l’autre. Dans plusieurs pays européens, ce sont des psychologues ou des assistants et assistantes sociales des plannings familiaux qui viennent en milieu scolaire pour parler d’éducation sexuelle et relationnelle. Dans chaque établissement, des professeurs référent·e·s devraient être formés et disponibles lorsqu’un besoin de discussion peut émerger.
Aborder le consentement implique au préalable d’enseigner l’égalité entre les femmes et les hommes, le respect de l’autre, la liberté de choisir et de contrôler son propre corps. Car si la domination masculine est la structure de pouvoir fondamentale, que vaut le consentement ? Il faut déconstruire la première pour ouvrir la voie à la seconde : la mise en place d’une éducation à la citoyenneté dès les premières années de l’école primaire, pour enseigner le respect de soi-même et de l’autre mais aussi l’égalité entre toutes et tous, au cœur de nos valeurs républicaines.
L’éducation à la sexualité dans les établissements d’éducation est un besoin des jeunes, une recommandation internationale et une obligation de la loi française. Malgré l’engagement des enseignants, l’Etat doit pleinement assumer sa responsabilité vis-à-vis de la jeunesse.