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TRIBUNE

Pour en finir avec le terme «parrainage»

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Plutôt que de «parrainage», parler de «présentation» participerait à l’effort de pédagogie des élus pour expliquer leur choix de présenter un candidat qu’ils disent ne pas soutenir, estime Jimmy Charruau, enseignant-chercheur en droit à l’université d’Angers.
Les membres du personnel du Conseil constitutionnels vérifient les demandes des parrainages des candidats à la prochaine présidentielle, le 15 février 2022. (Bertrand Guay /AFP)
par Jimmy Charruau, Enseignant-chercheur en droit à l’université d’Angers
publié le 24 février 2022 à 8h28

«Parrainage». Le mot revient tous les cinq ans, au moment de l’élection présidentielle. Il semble cette année, plus que auparavant, saturer le débat public. Le Conseil constitutionnel tient au quotidien les comptes. Les élu·e·s s’affichent sur les réseaux sociaux – photographie du formulaire à l’appui – le «parrainage» apporté à tel candidat ou à telle candidate. Ceux qui n’ont pas encore obtenu les 500 «parrainages» requis montrent leur inquiétude. Certains réclament une réforme de la procédure quand d’autres appellent au contraire au maintien des règles actuelles. Jamais (ou rarement) l’on ne s’interroge toutefois sur l’opportunité sémantique et les incidences politiques de l’emploi du mot parrainage.

On ne peut ignorer l’origine religieuse du mot : le «parrain» est, selon le dictionnaire Trésor de la langue française, «celui qui présente un enfant à la cérémonie du baptême, affirme sa foi en son nom et a mission de veiller sur lui, en particulier, en ce qui concerne son éducation religieuse». Si l’on se réfère au célèbre Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey, le parrainage correspond plus généralement aujourd’hui à «l’appui moral prêté par une personne d’autorité au soutien d’une personne».

De ces définitions, ressort très nettement l’idée que de