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TRIBUNE

Pour «éradiquer» le crack à Paris, faut-il choisir entre santé et sécurité?

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Le ministre de l’Intérieur a demandé au nouveau préfet de police, Laurent Nuñez, de résoudre le double «problème sanitaire et sécuritaire» posé par cette drogue. Pour régler ces deux aspects en même temps, il n’y a qu’une solution, estime l’économiste Pierre-Yves Geoffard : les salles de consommation à moindre risque.
Des consommateurs de crack dans le square Forceval, Porte de la Villette, à Paris, en 2021. (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 27 juillet 2022 à 15h28

Gérald Darmanin a donc fixé au nouveau préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, lors de sa prise de fonction le 21 juillet, l’objectif «d’éradiquer le phénomène [du crack à Paris…] pour que d’ici à un an, le grave problème sanitaire et sécuritaire que représente le crack soit réglé». On pourrait se féliciter que le crack ne soit pas abordé uniquement sous l’angle de la sécurité, et que les enjeux sanitaires soient également évoqués. Pourtant, outre le fait que le ministre de l’Intérieur n’ait pas vraiment montré jusqu’ici d’appétence, ni de compétence, pour la santé publique, une telle feuille de route nécessiterait une précision quant à la priorité visée. Car il est difficile de tenir ensemble et à égalité ces deux objectifs.

Pour beaucoup, le crack renvoie à l’image du «junkie», consommateur piégé par sa dépendance, désocialisé, ne vivant que par et pour son produit. Pourtant, si la consommation de crack reste bien en grande mesure concentrée sur des usagers pauvres, on ne peut l’y réduire. Comme pour l’alcool ou les autres drogues, les usages sont multiples et très variés. Le crack, pré