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TRIBUNE

Pour la création d’un statut de réfugié scientifique, par François Hollande et Eric Berton

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Le trumpisme décortiquédossier
Les chercheurs, contraints à l’exil par l’administration Trump, doivent être reconnus comme des réfugiés à part entière, soutiennent le président de l’université d’Aix-Marseille et l’ex-président de la République. Cela permettrait de les accueillir dans de bonnes conditions, tout en favorisant l’innovation, la diplomatie scientifique, française, voire européenne.
Rassemblement de «Stand Up for Science» à Toulouse, le 7 mars 2025. (Ulrich Lebeuf/Myop pour Libération)
par Eric Berton, professeur des universités, président de l'université d'Aix-Marseille et François Hollande, ancien président de la République, député de la Corrèze
publié le 11 avril 2025 à 17h27

L’époque est aux bouleversements. Ils mettent à mal des équilibres que l’on pensait irrévocables. Ils brisent net un processus de progrès que l’on jugeait inarrêtable. Ils révèlent au grand jour la fragilité de nos démocraties.

Les scientifiques et leur liberté académique sont pris pour cible. Les travaux, les découvertes et même les faits apparaissent comme des éléments susceptibles de perturber le simplisme, l’obscurantisme et le complotisme, car la science n’est pas une opinion. Elle constitue le fondement du débat démocratique.

Insensiblement, des recherches cruciales sont étouffées, empêchées, voire censurées, et cette tendance inquiétante s’étend jusqu’aux portes de l’Europe.

En moins d’un mois, 300 candidatures

Le 6 mars dernier, Aix-Marseille Université lançait «Safe Place for Science», un programme d’asile pour les scientifiques des Etats-Unis. En moins d’un mois, près de 300 candidatures sont parvenues, principalement par messageries cryptées, et avec elles, des témoignages préoccupants, parfois glaçants, de la part de chercheurs américains sur le sort qui leur est réservé par l’administration Trump. Des équipes sont bannies de conférences et privées de publication. Des universitaires sont tenus de justifier de l’utilité de leurs travaux, des financements leur sont brutalement retirés, des données essentielles à leurs programmes purement et simplement supprimées…

Des experts reconnus sont congédiés, et, avec eux, des années de recherches dans des domaines stratégiques sont soudainement interrompues.

La san