Dans l’industrie naissante du début du XIXe siècle, la prospérité des mines et des forges se fait au mépris de la sécurité. Les accidents - souvent tragiques - frappent massivement des travailleurs dont le statut le plus commun est celui de manœuvrier.
Cet enjeu devient politique dans la seconde moitié du siècle et conduit les parlementaires, mais aussi les syndicats et le patronat à s’emparer du sujet.
Par son engagement, un homme va transformer le monde du travail et écrire une page de l’histoire sociale de notre pays. Né en 1815 dans la Creuse, Martin Nadaud était maçon lorsqu’il devient député pour la première fois en 1849. Elu à nouveau en 1876, il initie à l’Assemblée nationale un processus législatif qui, près de deux décennies plus tard, aboutira à l’adoption de la première loi accident du travail.
L’intuition de Martin Nadaud est d’inscrire dans la loi le principe de responsabilité de l’employeur. L’accident n’est plus le seul fait de la maladresse ou de la fatalité, il devient la conséquence d’un système oublieux des conditions de travail. Sa proposition ouvre la voie à un combat acharné qui, à l’issue de longs débats, donnera lieu à l’adoption de la loi du 9 avril 1898.
Ce qui suivra illustre de façon exemplaire la puissance du droit lorsqu’il est mis au service de la justice. La loi établit la responsabilité du donneur d’ordre. Cette responsabilité oblige l’employeur à réparer les conséquences des accidents. Pour faire face à cette nouvelle obligation, le patronat mu