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TRIBUNE

Pour le gouvernement, la fonction publique est peuplée de fainéants

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En souhaitant créer un cadre juridique pour faciliter le licenciement pour insuffisance professionnelle, le ministre Stanislas Guerini envoie un message péjoratif à un secteur déjà sinistré. Pourquoi ne pas entreprendre la réforme par le haut et évaluer les emplois de direction ? préconise le directeur de recherches au CNRS, Luc Rouban.
Le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guérini, à Matignon, le 27 mars. (Thomas Samson/AFP)
par Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS, Centre de recherches politiques de Science-Po
publié le 11 avril 2024 à 16h30

En ouvrant les concertations sur le futur projet de loi pour «l’efficacité de la fonction publique» par une petite phrase sur le besoin de lever «le tabou du licenciement» des fonctionnaires, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, a déclenché un nouveau conflit avec l’ensemble des syndicats et se prive des moyens d’améliorer réellement le fonctionnement des services publics.

La logique de cette énième réforme s’inscrit dans un processus managérial d’indifférenciation entre secteur public et secteur privé, déjà amorcé depuis la précédente réforme de 2019, mais qui reste paradoxalement prisonnier des erreurs récurrentes commises depuis des décennies. L’idée de base est simple et a priori séduisante : il faut pouvoir offrir aux fonctionnaires des carrières plus mobiles, plus diversifiées, où les rémunérations sont calées sur leur contribution personnelle.

Les enquêtes montrent que les fonctionnaires tout comme les salariés du secteur privé souffrent, en effet, d’un manque de reconnaissance de le