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TRIBUNE

Pour nous les immigrés, rompre le silence d’invisibilité

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Loi immigrationdossier
Après le climat nauséabond du débat sur le projet de loi immigration, nous sommes renvoyés à notre couleur de peau, nos religions réelles ou supposées, nos noms ou prénom. Si nos parents ou grands-parents ont choisi le silence comme mode d’expression, nous refusons les dérives qui finissent en heures sombres. Demain, à toutes les élections, unissons nos voix pour une France de l’espoir pour ses enfants et ceux du monde.
Manifestation contre la loi immigration à Paris, le 18 décembre. (Stéphane Lagoutte/MYOP pour Libération)
par Un collectif
publié le 14 janvier 2024 à 7h08

Qui sommes-nous ? Nous le pensions le savoir ! Nous en avions l’assurance. Nous étions français, républicains et démocrates, respectueux de la laïcité, fruits de l’histoire de notre pays devenu, la France. Aujourd’hui, après le climat nauséabond du débat sur le projet de loi immigration, nous sommes renvoyés à notre couleur de peau, nos religions réelles ou supposées, nos noms ou prénoms. Un doute s’installe.

Nos parents, nos grands-parents, nés pour la plupart dans l’empire colonial français, étaient venus en France pour bâtir le pays en recherche de main-d’œuvre peu chère. Certains avaient choisi la France depuis longtemps en combattant pour elle. Tous s’y étaient installés pour vivre libres, même quand ils y étaient accueillis dans des camps.

Ils avaient choisi le silence comme mode d’expression. Il fallait se taire, se fondre sans bruit pour être accepté et donner à ses enfants l’espoir d’une vie meilleure. Toujours en sachant dire merci, quels que soient les aléas et les souffrances. Refuser d’évoquer ses douleurs et ses craintes.

Cette façon d’être, cette acceptation d’une vie ou l’humiliation n’était jamais loin, a pu générer des conflits entre parents et enfants. Il était insupportable de les voir souffrir dans le labeur et le silence. Nous nous taisions à notre tour, respectant leur sacrifice pour notre avenir. Ils nous ont permis d’être ce que nous sommes.

Ce silence d’invisibilité est devenu pour nous un silence qui emprisonne. Nous ne pouvons plus nous taire ! Ni pou