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TRIBUNE

Pour se laver hors de chez soi : à quand le retour des bains-douches ?

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Face au déficit des services municipaux et à un afflux croissant d’usagers, les géographes Marie Chabrol, Lucie Bony et Judicaëlle Dietrich appellent à mieux garantir par la loi le droit d’accès à l’eau et à l’hygiène pour tous. Les bains-douches ont réapparu à Marseille, Lyon ou Saint-Denis. Des exemples à suivre ?
«Paris se singularise avec ses 17 établissements municipaux donnant gratuitement accès à environ 500 cabines de douches.» Ici, en 2021. (Magali Cohen/Hans Lucas via AFP)
par Lucie Bony, Géographe, chargée de recherches au CNRS, Marie Chabrol, Géographe (Université de Picardie Jules-Verne) et Judicaëlle Dietrich, Géographe (Université Lyon-3 Jean-Moulin)
publié le 29 septembre 2023 à 7h30

Dans un contexte de crises énergétique, sanitaire, économique et environnementale, il est urgent de rendre effectif un droit à l’eau et à l’hygiène pour tous·tes. Pour ce faire, les bains-douches (ou douches municipales) sont un outil indispensable. En Europe de l’Ouest, ils ont été impulsés par le courant hygiéniste de la seconde moitié du XIXe siècle afin d’éduquer le peuple à la propreté et à l’hygiène. Si la plupart des villes françaises en étaient pourvues au début XXe siècle, ces établissements ont connu des destins contrastés et une large majorité est désormais fermée.

Paris se singularise avec ses 17 établissements municipaux donnant gratuitement accès à environ 500 cabines de douches. L’enquête que nous y avons menée pour l’Ined en 2017 montre que contrairement aux idées reçues, beaucoup de personnes fréquentant les bains-douches sont logées ou hébergées, seules un tiers d’entre elles sont en situation de rue.

Ces personnes viennent parce qu’elles n’ont pas accès à une douche là où elles vivent, parce que leur douche ou leur chaudière ne fonctionne pas, pour faire des économies, pour ne pas tomber, ne pas déranger les personnes avec lesquelles elles cohabitent (les situations de logements suroccupés sont fréquentes chez ces usager·es). Dans le contexte actuel, les acteurs de terrain constatent une augmentation des personnes ne