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Pour sortir des emballages plastiques, le verre est contre tous

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Paquets de gâteaux, pots de yaourt, bidons de gel douche… le plastique est omniprésent dans nos achats du quotidien. Pour s’en défaire, il est important de lancer une grande politique de réutilisation des emballages, et de revenir aux bocaux, soutient Salomé Géraud, cofondatrice du Drive tout nu.
Lors de l'inauguration du supermarché le Super tout nu à Labège (Haute-Garonne), le 26 mars 2024. (Jean-Marc Barrere/Hans Lucas. AFP)
par Salomé Géraud, entrepreneure et cofondatrice du Drive tout nu
publié le 9 août 2024 à 13h00

Depuis le début des années 2000, la production mondiale de plastique a plus que doublé. Elle a atteint plus de 460 millions de tonnes en 2023, ce qui témoigne de notre dépendance croissante au plastique, notamment dans nos habitudes de consommation.

Nous commençons à peine à prendre conscience des dégâts majeurs provoqués par cette consommation excessive d’emballages plastiques, sur l’environnement comme sur notre corps et notre portefeuille. Il est à ce titre essentiel de rappeler qu’environ 80 % des produits en plastique finissent en déchets moins d’un an après leur production. Depuis 1950, cela représente plus de 8 milliards de tonnes de plastiques accumulées dans l’environnement, dégradant la biodiversité, la qualité de l’eau et la vie qui nous entoure.

Or, cette situation n’est pas sans conséquence sur notre santé. Du fait de leur composition, ces emballages diffusent des microplastiques dans les produits qu’ils contiennent. En France, c’est l’équivalent d’un stylo en plastique que nous ingérons chaque semaine de cette manière. Une fois dans notre corps, ces molécules provoquent infertilité, obésité, maladies cardio-vasculaires, cancers, etc. Au-delà de l’environnement et de notre santé, les emballages plastiques ont également un impact négatif sur le portefeuille des consommateurs ! L’emballage représente en moyenne 10 % à 40 % du prix d’un produit, ce qui en fait un poste de dépense supplémentaire non négligeable, en particulier dans la période d’inflation que nous traversons.

Les solutions existent déjà

Face à ce constat, l’Etat a pris sa part de responsabilité avec la loi «anti-gaspillage pour une économie circulaire» qui fixe un cap de sortie des emballages en plastique à usage unique à l’horizon 2040. Si certains considèrent cet agenda irréaliste, de nombreux moyens sont pourtant à la disposition des producteurs et des distributeurs pour entamer le changement de paradigme attendu. Au-delà du vrac, déjà bien connu des consommateurs, l’un des leviers clés pour effectuer cette transition sera le réemploi !

Dans un passé pas si lointain, nos grands-parents avaient l’habitude de rapporter les bouteilles de lait en verre pour qu’elles soient lavées et réemployées. Or, ce système de réemploi de contenants en verre (bocaux, bouteilles, flacons, etc.) peut aujourd’hui redevenir un atout majeur dans la période de transition que nous entamons vers la fin du plastique à usage unique. Pour l’environnement, le verre s’avère, en effet, être une solution idéale. Il incarne le composant écologique par excellence, réutilisable à l’infini ! Sur le plan sanitaire, le verre est le seul matériau inerte qui garantit l’absence de migration moléculaire et qui préserve parfaitement la qualité des produits. Aussi, face aux inquiétudes de certains consommateurs concernant la salubrité du réemploi, rappelons que les technologies actuelles de nettoyage et les propriétés naturelles du verre permettent d’avoir une préservation bien plus importante des produits qu’avec les emballages plastiques, qui dégradent inévitablement leur contenu.

De nombreuses initiatives locales existent déjà un peu partout en France dans le but de remplacer les emballages plastiques par le réemploi de bocaux en verre dès que cela est possible. Ces expérimentations avec des systèmes de consigne ou de consigne inversée offrent un modèle économique pérenne, pour les distributeurs et les producteurs comme pour les consommateurs.

Les distributeurs doivent dès à présent prendre exemple sur ces initiatives locales pour installer des rayons de produits conservés dans des bocaux en verre, consignés et réemployables. L’objectif législatif, d’obtenir, d’ici à 2027, la réutilisation de 10 % des emballages mis sur le marché en France, est à ce titre tout aussi réalisable que souhaitable. Pour notre santé, notre environnement et nos dépenses, il est essentiel que les géants du secteur passent ce cap de la confiance dans le réemploi !