Ilham Tohti est le plus renommé des intellectuels ouïghours, professeur d’économie à l’université Minzu de Pékin. Dans un mois, il aura passé exactement dix ans en prison. Arrêté le 15 janvier 2014, il a été condamné la même année à la réclusion à perpétuité après un procès inique d’à peine deux jours. Sa famille n’a pas pu lui rendre visite depuis 2017, et sa fille, Jewher Ilham qui vit maintenant aux Etats-Unis, est sans nouvelle de lui depuis bientôt sept ans.
Les chefs d’accusation contre ce chercheur et enseignant ouïghour, dont les travaux scientifiques et l’engagement forçaient le respect de ses collègues et étudiants bien au-delà de Pékin ? «Terrorisme» : pour avoir dénoncé les politiques étatiques de discrimination et de colonisation de peuplement qui creusaient les écarts économiques et sociaux entre membres de la majorité han et le peuple ouïghour. «Extrémisme» : pour avoir créé un forum en ligne dédié à maintenir le dialogue, malgré tout, entre Han et Ouïghours. «Séparatisme» : pour avoir défendu la mise en œuvre réelle et effective des lois d’autonomie de la région ouïghoure autonome du Xinjiang, son pays natal, conformément à la Constitution chinoise.
Depuis son incarcération, à la veille de campagnes d’arrestation et d’internement massives de plus de un million de personnes en région ouïghoure qui ont réduit au s