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TRIBUNE

«Pour un PS de combat face aux coups de boutoir des nationalistes et des libéraux»

Le pire serait la rumination du passé, le ressentiment des uns et l’esprit de revanche des autres. Le temps est à l’union, rassembler l’héritage du pouvoir et l’audace de la rupture, écrit un collectif de socialistes mené par Boris Vallaud, le député des Landes qui ambitionne de se poser en trait d’union au prochain congrès du PS en juin.
Boris Vallaud à l'Assemblée nationale pendant une séance de questions au gouvernement, le 11 février 2025. (Denis Allard/Libération)
par Un collectif à venir
publié le 12 mars 2025 à 7h05

Voilà l’époque. Un monde menacé par l’égoïsme des nations ; une Europe bousculée par la guerre ; un climat déréglé dont on peine à imaginer les conséquences, mais dont on éprouve déjà la brutalité ; partout des ennemis de la démocratie prêts à toutes les promesses pour mettre en œuvre tous les mensonges. Nous vivons au bord du basculement.

C’est dans ce contexte, dans une France éreintée par huit ans de macronisme, fracturée, dominée par la peur de l’avenir, percluse d’injustices où nombre de nos compatriotes n’arrivent plus à vivre de leur travail, qu’aura lieu le prochain congrès du Parti socialiste.

Ce congrès peut être le pire ou le meilleur de nous-mêmes.

Le pire serait la rumination du passé, le ressentiment des uns et l’esprit de revanche des autres. Le refus d’être ensemble, rassemblés pour changer un avenir qui apparaît à beaucoup écrit d’avance.

Le meilleur serait dans la préparation de l’avenir, un congrès de réconciliation, d’affirmation et d’idées pour nous mettre à l’heure du monde. Un congrès de doctrine. Doctrine municipale proposée aux Françaises et aux Français en 2026. Doctrine pour le pays, avec comme horizon la fraternité retrouvée, et comme méthode le socialisme.

Tout est entre nos mains

L’histoire des socialistes est émaillée de victoires éclatantes et de défaites exemplaires. Nous en avons connu de récentes qui annonçaient notre mort. Nous revenons de loin, mais ne partons pas de nulle part. Nous sommes le premier parti d’opposition à gauche au Parlement, les groupes socialistes de l’Assemblée nationale et du Sénat ont acquis une position centrale, notre délégation au Parlement européen s’est renforcée, et nous dirigeons de nombreuses collectivités territoriales. Tout n’est pas à abattre, tout n’est pas à refaire, tout est entre nos mains. Mais si notre redressement ne devait tenir que par la grâce d’accords de circonstance au moment des élections législatives – que nous avons eu raison de nouer – alors, nous prendrions le risque qu’il soit éphémère.

Nous avons la conviction que le chemin du meilleur existe, et qu’il est majoritaire parmi nous. Il nous impose d’unir, de combattre, et de transformer.

Unir les socialistes dans un esprit de camaraderie retrouvé. Sans unanimisme factice, mais sans faux débat. Rassembler l’héritage du pouvoir et l’audace de la rupture pour bâtir un Parti socialiste fort, crédible et conquérant.

Combattre, car comme socialistes, notre tâche la plus grande consiste à empêcher que le monde que nous avons bâti ne se défasse face aux coups de boutoir des libéraux et des nationalistes. Nous ne devons nous donner qu’un but : construire un projet de gauche pour la France et battre le Rassemblement national dès le premier tour en 2027, car le Front républicain vacille, et n’est plus garanti pour le second.

Et transformer, car le socialisme ne peut être une simple nostalgie. Nous devons retrouver notre vocation historique : transformer la société pour changer les vies. Le vrai découragement ne naît pas d’un combat perdu, d’une lutte inégale, mais de ne plus connaître les raisons de se battre, ni celles et ceux pour lesquels on se bat.

De ce point de vue, force est de reconnaître que nous n’avons pas su donner à notre parti et à notre pays un projet singulier qui soit un étendard et un point de ralliement et que nous avons manqué aux rendez-vous pour le faire. Chacun doit y prendre sa part, il est temps de replacer le travail sur les idées au centre de notre stratégie. Nous devons produire nos propres références, proposer une vision de long terme et construire un projet qui parle à tous, mais surtout à ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre, aux classes populaires, aux ouvrières et aux ouvriers, aux travailleuses et travailleurs précaires, aux agriculteurs et agriculteurs, jeunes et aux territoires délaissés de nos villes, de nos campagnes et de nos outre-mer. Nous devons répondre au scepticisme qui s’est installé chez eux.

Oui, la politique peut transformer leur quotidien. Elle n’est pas un univers séparé qui tourne à vide. Nous devons nous doter d’une structure permanente de réflexion et de production programmatique, ouverte aux intellectuels, aux chercheurs, aux syndicalistes, aux militants de terrain, aux artistes trop longtemps tenus à l’écart. Nous devons aussi devenir notre propre média au moment où l’argent et la haine fusionnent pour saturer les ondes. Il nous faut, enfin, intégrer pleinement les nouvelles pratiques et les nouveaux outils de la mobilisation collective. S’inspirer de l’esprit de résistance qui traverse la société.

Un projet politique, solide et attractif

Plutôt que de tout miser sur la désignation tardive d’un candidat à la présidentielle, nous devons installer dès aujourd’hui un processus structuré pour construire un projet politique solide, attractif et ancré dans les préoccupations des Françaises et des Français et désigner en toute transparence et en toute équité celle ou celui qui le portera devant le pays. Nous voulons un parti au service de tous les socialistes et à travers eux de tous les Françaises et les Français.

Ainsi réconciliés, les socialistes pourront alors unir la gauche. L’union à toute force, mais pas l’union à tout prix. L’union est un combat, elle doit aussi être une méthode et se faire sur des bases claires et des valeurs partagées. L’union la plus large possible de celles et ceux qui veulent faire ensemble, parce que c’est le chemin d’une candidature commune qui peut éloigner le spectre de la victoire des forces de la réaction plus sûres d’elles que jamais. Une union dans laquelle des socialistes aux forces retrouvées pourront jouer le premier rôle. Mais celui-ci ne se décrète pas. Il se mérite.

Alors, enfin, nous pourrons nous opposer à toute force au nationalisme étroit de l’extrême droite et au libéralisme destructeur dont le macronisme a été le dernier masque, mais le vrai agent. Alors, enfin, nous pourrons réinstaller aux commandes l’humanisme contre la froideur technocratique, la justice sociale et les services publics contre l’injustice économique, l’égalité réelle entre les femmes et les hommes contre les soubresauts grossiers du moment, l’écologie populaire contre la destruction planétaire, la transformation radicale contre la continuité libérale, le patriotisme ardent contre le nationalisme belliqueux, la confiance dans nos territoires contre le mépris Jupitérien, l’universalisme des Lumières et la laïcité contre les obscurantismes.

Notre voie est celle de la poursuite de la reconstruction du Parti socialiste, de son redressement, pour le mettre en situation d’affronter les temps mauvais que nous avons devant nous. Nous n’en dévierons pas. Nous y œuvrerons tous ensemble dans la diversité du Parti socialiste sans en exclure personne. Nous ne voulons pas d’un congrès de plus. Nous voulons faire plus qu’un congrès. Un congrès de réconciliation et de doctrine dont nous serons les porteurs.

Les signataires : Boris Vallaud Député des Landes Olivier Bianchi Maire de Clermont-Ferrand Florence Blatrix Sénatrice de l’Ain, première secrétaire fédérale de l’Ain Rémi Branco Conseiller départemental du Lot Thierry Coulombel Premier secrétaire fédéral du Pas-de-Calais Jean-François Debat Maire de Bourg-en-Bresse, conseiller régional Auvergne Rhône-Alpes Jérôme Durain Sénateur de la Saône-et-Loire, conseiller régional de Bourgogne Franche-Comté Franck Gagnaire Premier secrétaire fédéral de l’Indre-et-Loire, secrétaire national du PS Laure Gandolfi Adjointe au maire de Villeurbanne, secrétaire de section Villeurbanne Audrey Gatian Adjointe au maire de Marseille, secrétaire nationale du PS Jean-Luc Gleyze Président du département de la Gironde Rémi Justinien Conseiller régional Nouvelle Aquitaine, premier secrétaire fédéral de la Charente-Maritime Eric Kerrouche Sénateur des Landes Emeric Lavitola Premier secrétaire fédéral de la Dordogne Marylise Lebranchu Ancienne ministre Arnaud Lecuyer Vice-président du conseil régional de Bretagne Sophie Lehner Maire de Creil, membre du Conseil national du PS Monique Lubin Sénatrice des Landes Nessrine Menhaouara Maire de Bezons, Val-d’Oise Alexandre Ouizille Sénateur de l’Oise, premier secrétaire fédéral de l’Oise Aurore Pageaud Secrétaire nationale des Jeunes, socialistes, rédactrice en cheffe de l’Epineuse Fanny Pidoux Conseiller régional du Centre-Val-de-Loire, membre du Conseil national du PS Eric Quenard Premier secrétaire fédéral de la Marne Morgane Rolland Secrétaire nationale du PS, fédération des Français de l’étranger Eric Sargiacomo Député européen, conseiller régional de Nouvelle Aquitaine, premier secrétaire fédéral des Landes Michael Weber Sénateur de la Moselle, premier secrétaire fédéral de la Moselle.

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