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TRIBUNE

«Pourchassées, battues, traquées et assassinées», les personnes LGBTQIA + du continent africain sont contraintes de fuir

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Alors que le monde occidental célèbre le mois des fiertés, Michael Bruce, directeur exécutif d’une ONG basée au Kenya, alerte sur la violence déployée contre les personnes LGBTQIA + dans plusieurs pays d’Afrique.
Manifestants de différentes organisations religieuses et confessions aux slogans anti-LGBTQIA + marchant vers le Parlement, à Nairobi (Kenya), en 2023. (Luis Tato/AFP)
par Michael Bruce, fondateur et directeur exécutif de : International Pride Centre : Protection, Rights, Inclusion in Displacement and Emergencies pour l’inclusion des personnes LGBTQIA+
publié le 12 juin 2025 à 6h09

Nous sommes en juin, et une grande partie du monde célèbre le mois des fiertés. Mais au Burundi, aucun drapeau arc-en-ciel ne flotte sur l’Assemblée nationale. Il n’y aura pas de défilé à Kampala, en Ouganda, et il est très improbable que le personnel des cafés de Nairobi porte des pin’s arc-en-ciel.

A Kampala, Yvonne (1), une réfugiée transgenre originaire de la république démocratique du Congo (RDC) que j’ai récemment rencontrée, m’a confié qu’elle ne pouvait même pas sortir pour chercher du travail, car les chauffeurs de motos taxis qui sillonnent les rues de la ville s’arrêteraient pour lui jeter des pierres. Lorsque je lui demande pourquoi elle est venue en Ouganda, pays dans lequel la loi prévoit la peine de mort pour ce qu’elle appelle «l’homosexualité aggravée», Yvonne m’a répondu «parce qu’ils essayaient de me brûler vive» en RDC.

Mon ami Bradley (1), un réfugié ougandais à Johannesburg, n’osait pas quitter son refuge de peur d’être battu. Je ne peux pas vous donner son vrai nom, car sa famille à Kampala le croit mort. Il a besoin que sa famille le croie mort ; c’est son père, conseiller principal du président Yoweri Museveni, qui a ordonné à ses gardes de le tuer et de se débarrasser de son corps. Au lieu de cela, les gardes l’ont aidé à s’enfuir au Kenya, d’où il s’est rendu en Tanzanie, puis au Malawi, au Zimbabwe et enfin en Afrique du Sud. Dans chaque pays, il a lutté pour trouver un endroit où dormir. Johannesburg lui semble tellement dangereux que