Je n’ai jamais été un fan de Mario Vargas Llosa. Ni un expert (par conséquent et évidemment si je puis dire). Mais, pour l’adolescent sud-américain que j’étais dans les années 1970, ne pas le lire était presque impossible. Comme par les lectures de Cent Ans de solitude de Gabriel García Márquez, de Dona Flor et ses deux maris de Jorge Amado, de la Mort d’Antonio Cruz de Carlos Fuentes et de Cronopes et Fameux ou de Marelle de Julio Cortázar, j’ai été non seulement intéressé mais réjoui, passionné, par la lecture de la Ville et les Chiens et Conversation à La Catedral. Et, bien qu’aujourd’hui je me sente si loin du réalisme magique et de cet incertain côté baroque et folklorique qui demeure dans le souvenir de toutes ces lectures anciennes, mon détachement adulte, son tempérament, ne renie en rien mon émotion et mon enthousiasme adolescents.
Pourtant, comme tant d’intellectuels de gauche latino-américains, si vous me permettez la grossièreté consistant à employer ces mots pour parler de moi-même, je n’ai pu, avec le temps, que terriblement me détacher du prix Nobel péruvien. Le lire, peu à peu, à partir des années 2000 je crois, m’est devenu si indifférent que je n’ai même pas su au juste ce qu’il continuait d’écrire. Cet éloignement, ce détachement, est-il dû au souveni