La santé de la langue française fait débat : les linguistes «atterré·e·s» qui viennent de publier un Tract chez Gallimard trouvent que le français se porte bien (1) tandis que d’autres (2) estiment qu’il est malade. Malade de quoi ? Les symptômes majeurs sont les suivants : une anglicisation croissante, une orthographe flageolante et une inclusivité irritative. Toute langue bien portante serait-elle une malade qui s’ignore ?
Chacun a un avis sur la langue qu’il parle. La complexité du rapport entre connaissances naïves et connaissances savantes est l’une des particularités de la linguistique et c’est précisément ce qui rend cette discipline passionnante : elle est savante sans pouvoir s’arracher complètement à l’intuition ; elle suscite des pratiques à caractère scientifique mais aussi des analyses plus proches des études littéraires ; elle s’intéresse aux formes langagières les plus émergentes tout comme à l’histoire de la langue ; elle entretient des rapports avec la psychologie, la sociologie, la philosophie, l’informatique, l’intelligence artificielle, la littérature. Les linguistes fabriquent des dictionnaires et des grammaires, pour les universités, les lycées, les collèges et les écoles (3) ; ils forment des étudiant·e·s de toutes origines qui, après leur doctorat, iront enseigner